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Le pétrole baisse, les Etats-Unis montent….

Selon Béatrice Philippe, Présidente de Fourpoints IM, un baril à 80 USD, c’est 600 USD de plus par an dans la poche de chaque ménage américain. La demande intérieure étant le moteur principal de l’économie américaine, cette baisse des prix est un facteur de soutien de la croissance...

Le baril vient de franchir à la baisse le seuil symbolique de 80 dollars alors qu’il culminait encore à 115 dollars il y a quelques mois. Depuis le début de l’année, le S&P 500 enregistre une progression de 11,64% (en USD) et de 23,30% (en €). Quels impacts peut avoir ce phénomène sur la croissance américaine ? 3 raisons de rester positif ….

La baisse actuelle du prix du pétrole provient du ralentissement de la croissance mondiale - notamment de celle de la Chine - conjugué à l’augmentation de la production américaine. En effet, cette production américaine n’a cessé d’augmenter ces dernières années au point que les Etats-Unis sont aujourd’hui les premiers producteurs de pétrole au monde devant l’Arabie Saoudite ou la Russie.

Si la baisse des prix se poursuit, les acteurs économiques anticipent la fermeture de nombreuses exploitations américaines comme en témoigne le fort mouvement de sell off qui a eu lieu en octobre sur les producteurs de petite et moyenne taille (de -20 à -25% sur quelques jours de bourse).

Néanmoins, nous restons confiants sur la croissance américaine et sur son moteur énergétique pour 3 raisons principales.

1 – Le coût d’exploitation ne cesse de baisser, les volumes exploités ne cessent d’augmenter

Aujourd’hui, les 5 premières exploitations ont un breakeven entre 30 et 50 USD le baril pour garantir un rendement de 10% après impôt : Eagle Ford, Bakken, TFS Tier 1, San Juan, Niobrara.

Ce seuil ne cesse de baisser sous l’effet des progrès techniques d’exploitation. Hess, l’un des leaders dans le Bakken a indiqué avoir réduit le coût de chaque puits de $ 9,2 mi à 7,5 mi en 2 ans.

En outre, les volumes extraits par exploitation ne cessent d’augmenter grâce aux nouvelles techniques. Le taux de récupération des réserves d’huile et gaz de schiste est passé de 2% il y a 2 ans à 10% pour certains gisements, voire 20% .

Les plus faibles seront peut être en difficulté mais ils seront très certainement rachetés par des exploitations voisines plus importantes ou des majors ce qui créera des économies d’échelle favorables.

Enfin, il y aura peut être une baisse de la production mondiale mais nous pensons que ce sont les pays aux coûts d’exploitation élevés (Offshore Brésil, Angola, Royaume Uni, les sables bitumineux du Canada avec des coûts supérieurs à 100 USD le baril) qui en pâtiront.

2 – Nous pensons que le cours d’équilibre du baril se situe autour de 85 USD. En outre, à horizon 2015, le risque est limité car la plupart des producteurs sont couverts à hauteur de 95 USD le baril pour 2015.

A court terme, et sur la base d’une analyse fondamentale, nous sommes donc peu inquiets sur la baisse du prix. A moyen terme, avec un prix d’équilibre autour de 85 USD, la majorité des exploitations américaines d’huile et gaz de schiste sont rentables.

3 – La baisse du baril impacte profondément et positivement l’économie américaine

Un baril à 80 USD, c’est 600 USD de plus par an dans la poche de chaque ménage américain. La demande intérieure étant le moteur principal de l’économie américaine, cette baisse des prix est un facteur de soutien de la croissance.

Une énergie peu chère est favorable à la ré industrialisation des Etats-Unis. De nombreuses sociétés fortement consommatrices d’énergie (Chimie, pétro-chimie, engrais..) se relocalisent aux Etats-Unis – Bayer, BASF….

La fée croissance est bien ancrée aux Etats-Unis : au 14 novembre 2014 pour 462 des 500 sociétés du S&P 500 les résultats du 3ème trimestre battent à 77% le consensus sur les earnings et à 59% sur les chiffres d’affaires.

La construction dans le non résidentiel redémarre (+ 4,4% en 2014, +8,1% en 2015 Source : American Institute of Architects), les chiffres de l’emploi sont bons (chômage à 5,8%, création d’emplois en moyenne 235 000 par mois sur les derniers 6 mois), les dépenses d’investissement reprennent (elles sont à la moyenne historique de 12,4% du PIB, mais pourraient atteindre 15% du PIB sur les 3 à 5 ans à venir).

L’inflation reste maîtrisée limitant ainsi le risque d’un resserrement par la FED.

Effectivement le pétrole baisse mais les Etats Unis, eux, n’ont pas fini de monter.

Béatrice Philippe , Novembre 2014

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