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La guerre commerciale s’arrêtera si Wall Street souffre

Comme on pouvait s’y attendre, la guerre commerciale provoquée par Donald Trump avec le reste de la planète prend de l’ampleur en passant du stade verbal aux les actes. La bataille fait rage sur tous les fronts, mais on fait un peu attention au grand partenaire Chinois.

Il est vrai que l’Amérique a quelques raisons de s’inquiéter de sa balance commerciale qui a atteint 573 Mds de $ de déficit, atteignant 3% du PIB, et qui s’est creusée de 11% sur un an. La raison primordiale de ce déficit est selon nous liée au taux de change du $ qui n’a cessé de s’apprécier depuis la crise. Le dérapage de la balance commerciale à partir de 2014 est concomitant avec l’appréciation du $. La perte de compétitivité est accentuée par le différentiel d’inflation par rapport aux principaux partenaires.

Le cas de la Chine est intéressant, car le pays connait une inflation supérieure à celle des Etats Unis, et une appréciation du renminbi sur longue période. La balance commerciale chinoise a fortement rétréci sauf avec les Etats Unis. Mais ces statistiques sont biaisées par l’imbrication des grands groupes : la Chine a importé 1M$ de smart Phone mais Apple en a vendu pour 50Mds$ ! d’où la boutade « nous exportons le revenu et vous importez les profits ».

Si la guerre commerciale devait éclater, la Chine perdrait du revenu mais les sociétés cotées perdraient leurs profits. La réaction de Wall Street serait très douloureuse et Donald Trump ne pourrait pas résister au lobbying de ses riches amis. La guerre s’arrêtera quand Wall Street va souffrir.

D’ailleurs, Trump a déjà reculé sur les investissements en haute technologie. Une guerre sur les brevets serait sanglante, car Apple dépend lui-même de tas de brevets de Samsung… Sur les marchés, la Chine semble pour le moment plus impactée par une correction assez sévère sur ses sociétés. L’ambition avouée de la Chine est de s’affranchir de la dominance américaine dans la haute technologie. D’où un constant rachat de sociétés occidentales pour récupérer le know how. La Chine investit aussi massivement en Israël dans des start up pour être à la pointe. Elle a ses Amazon, Google et Facebook.

La guerre commerciale n’a pas encore créé de panique sur les marchés et le 1er semestre a été positif sauf pour les pays émergents. Mais des valeurs susceptibles de souffrir de la crise ont commencé à être punies telles les grandes multinationales exportatrices américaines.

Des actifs se sont portés sur des valeurs refuges que sont le $, les emprunts d’Etats et les spread en Eurozone se sont élargis. Nos fonds Digital maintiennent leur surperformance avec 2.5% pour Digital Stars Europe depuis le début de l’année, 3.5% pour Digital Stars Europe ex UK et 3.4% pour Digital Stars Europe Smaller Companies.

L’économie américaine reste euphorique et tous les indicateurs sont au beau fixe sous l’effet de la réforme fiscale. Et c’est le seul pays où la croissance est revue en hausse à 2.9%. La zone Euro revient à 2.2% en raison des remous sur le commerce et de la hausse substantielle du pétrole. La surchauffe aux Etats Unis conduit l’inflation à 2.7% et 2.2% hors énergie, ce qui amènera la Fed à plus de rigueur. Pour le moment, la croissance mondiale prévue pour 2018 reste quasi inchangée à 3.4% dont 1.2% imputable à la Chine. Si la guerre commerciale devait s’intensifier, ces chiffres seraient fortement révisés.

La profitabilité de sociétés américaines reste très bien orientée à 20.4% en 2018 dont la moitié est due à la réforme fiscale. 2019 s’annonce également robuste à 9.8% mais le marché ne l’anticipe pas pour le moment. La situation des profits en Eurozone s’effrite et est réduite à 6.1% en 2018 avec autant de révisions en baisse qu’en hausse. Notre valorisation des marchés a légèrement augmenté en raison de la baisse des taux à 2789 points contre 2705 points pour le S&P 500. Pour le MSCI Emu, l’objectif est à 142 points en hausse de 16%. Nous maintenons notre opinion neutre sur les marchés (ou pondération normale selon son benchmark).

Jacques Chahine , Juillet 2018

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