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La désynchronisation des politiques monétaires ? : c’est maintenant ?!

La divergence économique s’accentue entre les États-Unis et la zone euro, et ce faisant, vient le temps d’une « ?vraie ? » divergence monétaire ? : nous nous attendons à un resserrement monétaire plus vite et plus fort que prévu aux États-Unis, tandis que le risque est d’observer un nouvel assouplissement en zone euro.

Aux États-Unis, la croissance est robuste, autonome, équilibrée et… montre des signes d’accélération.

Les qualificatifs encenseurs sont multiples pour qualifier la nature actuelle de l’activité économique américaine. En effet, elle est ? :

  • Robuste parce qu’elle est synchrone à tous les secteurs de l’économie. On observe une amélioration sensible et simultanée du climat des affaires dans tous les secteurs (industrie, service et construction) ce qui rend l’économie américaine relativement immunisée à un choc externe.
  • Autonome parce qu’une dynamique vertueuse emploi-investissement s’est enclenchée.
  • Équilibrée parce que toutes les composantes de la demande privée (consommation, construction et investissement) y contribuent et parce qu’elle s’effectue même dans une réduction du « ?double ? » déficit (budgétaire et commercial).
  • En accélération si l’on se réfère aux plus récentes enquêtes de conjoncture. Non seulement l’écart important entre les commandes et les stocks suggère une impulsion conjoncturelle fortement positive, mais les indicateurs composites du climat des affaires sont sur des plus hauts historiques.

Force est de reconnaître que la politique monétaire de la FED n’a jamais été à la fois aussi proche de ses objectifs de croissance ?/ ?inflation, et aussi accommodante.

Cet « ?élastique ? » pourrait conduire à de plus en plus de « ?dissidents ? » au sein du FOMC [1]. C’est pourquoi, nous continuons de penser que le resserrement monétaire démarrera plus tôt que ne l’attend le marché, et que le rythme de la remontée des taux directeurs sera in fine plus rapide que prévu.

En zone euro, si les conditions économiques se détériorent à nouveau, la BCE pourrait être amenée à assouplir encore sa politique monétaire.

La déflation se définit comme la baisse du niveau général des prix. Appliquée aux pays européens, notre analyse sur un éventail de prix (biens et services, coût du travail, immobilier,…) et d’indicateurs avancés de l’évolution des prix (crédit, retard de production,…) suggère un risque de déflation toujours élevé pour la zone euro, avéré pour les pays périphériques (Espagne, Portugal, Grèce), en forte hausse pour l’Italie et en hausse régulière pour la France. Au-delà des pays périphériques, ce sont donc désormais « ?deux gros ? » pays européens qui présentent un risque fort de déflation.

Pourtant, on ne peut pas d’un côté redouter ces baisses de prix, et dans le même temps, souhaiter des ajustements de compétitivité, nécessaires pour le rééquilibrage de la zone euro. En revanche, ces baisses de prix deviendraient dangereuses si elles se diffusaient dans les anticipations parce qu’elles conduiraient alors les agents économiques à reporter leurs décisions de consommation et d’investissement, ce qui nourrirait un cercle « ?vicieux ? ».

De ce point de vue, la détérioration récente des anticipations d’inflation conduit forcément à craindre ce risque de déflation persistante. Et ce risque de persistance est d’autant plus important que ? :
1) L’endettement public et privé reste élevé, ce qui entretient la pression baissière sur les prix ?.
2) La réaction des décideurs politiques n’est pour le moment pas suffisamment forte ?.
3) La dynamique conjoncturelle actuelle n’est pas rassurante.

A ce stade, la situation de la zone euro est critique. Toutefois, pour éviter tout risque d’enlisement, nous considérons que la BCE fera ce qu’elle peut, mais qu’elle ne peut pas tout.

Christophe Morel , Septembre 2014

Notes

[1] FOMC ? : (Federal Open Market Committee) : comité responsable de la politique monétaire au sein de la Réserve fédérale américaine

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