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L’épargne salariale, une épargne encore trop investie en fonds monétaires

Souhaitant apporter à ses entreprises clientes un regard extérieur sur l’utilisation des dispositifs d’épargne salariale par leurs salariés, Amundi, n°1 de l’épargne salariale et retraite [1], vient de réaliser, à partir de ses bases de données clients en France, un 2ème Bilan©, le Bilan Patrimoine Salariés [2], apportant un éclairage sur l’allocation d’actifs effectivement retenue par les salariés.

Plus précisément, Amundi Epargne Salariale et Retraite (ESR) a analysé les données au 31 juillet 2014, d’une part, d’un panel de 168 grandes entreprises (GE), soit 790 000 porteurs, et d’autre part d’un panel de 628 ETI [3], soit 286 000 porteurs. Ces deux benchmarks couvrent environ 6 % [4] de la population salariée du secteur privé.

Plus de 43 % en moyenne des avoirs détenus en épargne salariale & retraite sont investis en produits de trésorerie de court terme

Premier constat, les salariés des ETI [5] et des grandes entreprises (GE) détiennent respectivement 48 % et 45 % de leurs avoirs en monétaire au sein de leur allocation d’actifs dans leur Plan d’Epargne Entreprise (PEE). Malgré un horizon plus lointain pour leur retraite (horizon long terme évalué en moyenne à 19 ans si on prend l’hypothèse d’un départ en retraite à 65 ans), ces derniers détiennent encore respectivement 43 % (ETI) et 37 % (GE) de leurs avoirs en monétaire au sein de leur PERCO. Notons que plus d’1/3 des avoirs en monétaire sont des avoirs disponibles (épargne non bloquée).

La moitié des flux récents en épargne salariale & retraite ont été investis en monétaire

De même, les versements récents (sur un an glissant au 31 juillet 2014) des salariés des ETI et des GE ont été respectivement réalisés à 53 % et 48 % sur des fonds monétaires.

Une allocation d’actifs contradictoire avec l’horizon de placement

L’analyse fait ressortir que les salariés choisissent des supports d’investissement moins risqués dans les PERCO que dans les PEE, alors même que leur horizon de placement est, par définition, généralement plus long. En effet, le niveau de risque moyen (sur une échelle de 1 à 7, 7 représentant un niveau de risque le plus élevé) ou SRRI [6] des fonds sélectionnés par les salariés d’ETI ressort à 2,3 et à 2,7 pour ceux des GE au sein de leur PERCO (sur le PEE, le niveau de risque constaté moyen est de 2,7 pour les salariés d’ETI et de 2,9 pour ceux des GE).
Ce comportement d’investissement averse au risque est encore plus marqué chez les plus jeunes (niveau de risque de 1,9 pour les salariés d’ETI de moins de 30 ans), en contradiction avec les anticipations intuitives et les résultats d’enquêtes d’intention [7].

Moins de 2 fonds par porteur malgré un nombre moyen de 5,7 fonds proposés par dispositif d’épargne salariale

Par ailleurs, l’étude montre une appropriation réduite des dispositifs d’épargne salariale par les salariés :

  • peu de fonds utilisés par porteur - respectivement 1,7 et 1,6 fonds détenus par porteur pour les ETI et les GE dans le PEE, et 1,4 (ETI) et 1,5 (GE) fonds par porteur dans le PERCO,
  • peu d’arbitrages : seuls 2 % des salariés d’ETI et 1,4 % des salariés de GE ont fait des arbitrages sur l’année écoulée.

L’offre de fonds mise à disposition par les entreprises à leurs salariés ne permet pas d’expliquer ces comportements, la majorité des entreprises ayant une offre de gestion suffisamment diversifiée et complète, notamment en fonds autres que monétaires (nombre moyen de 5,7 fonds proposés, que ce soit dans les ETI ou les GE).

La formation et la communication face au manque d’éducation financière

Malgré des rendements au plus bas, l’analyse révèle que les salariés bénéficiant d’un plan d’épargne salariale investissent toujours massivement dans des fonds monétaires. Pour améliorer cette situation, la formation et la communication apparaissent incontournables : les salariés doivent s’approprier tant les dispositifs d’épargne salariale que les principes de gestion pour investir en connaissance de cause et optimiser leur épargne.

Xavier Collot, Directeur adjoint ligne métier Epargne Salariale et retraite chez Amundi indique : « L’étude des entreprises dans lesquelles les comportements des salariés sont plus orientés vers la performance -en détenant moins de fonds monétaires- nous indique une forte appropriation des dispositifs par les salariés, résultant d’une communication importante de l’entreprise et/ou d’une implication forte des partenaires sociaux et/ou d’une implication des salariés dans ces démarches. Cela confirme le challenge que les salariés nous lancent mais également à leur entreprise, pour améliorer encore l’information sur les placements et les aider dans leur choix d’allocation au sein de leur épargne salariale ».

Une autre explication : le manque de connaissance financière.
Selon une étude du CREDOC en date d’octobre 2011, seulement 45 % des français savent ce qu’est un Fonds Commun de Placement (FCP). En effet, 80 % de la population reconnait être un peu perdue en matière de placements financiers mais 70 % d’entre eux sont intéressés par des sites internet proposant des informations et explications, et même 77 % seraient réceptifs à suivre une formation dans leur entreprise.

Notes

[1] Chiffres AFG au 30 juin 2014, Amundi Group gère près de 46 milliards d’euros d’encours en Epargne salariale, ce qui représente plus de 41% de part de marché.

[2] La 1ère édition en date d’octobre 2014 portait sur l’appropriation et l’utilisation du PERCO par les salariés

[3] ETI= Entreprise de Taille Intermédiaire, soit une entreprise ayant moins de 5000 salariées et un Chiffre d’affaires inférieur à 5 millions d’€. Au-delà, ce sont les Grandes Entreprises (GE)

[4] Environ 18,3 millions de salariés en France dans le secteur privé (chiffres INSEE 2013)

[5] ETI= Entreprise de Taille Intermédiaire, soit une entreprise ayant moins de 5000 salariées et un Chiffre d’affaires inférieur à 5 millions d’€. Au-delà, ce sont les Grandes Entreprises (GE)

[6] SRRI = indicateur synthétique de risque et de rendement sur 7 niveaux basés sur la volatilité des performances passées hebdomadaires, défini par l’AMF et basée sur la volatilité des performances passées hebdomadaires. Plus l’indicateur est faible, moins le fonds est dit « risqué ».

[7] Enquête patrimoine INSEE 2010 et enquête CEVIPOF 2014 (source CNRS – Sciences Po)

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