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L’engouement des investisseurs institutionnels pour les obligations convertibles ne se dément pas

Le marché européen des obligations convertibles poursuit sa croissance. Les sociétés continuent de profiter de conditions d’émission particulièrement favorables. De leur côté, les investisseurs institutionnels apprécient un segment particulièrement adapté à la faible visibilité des marchés actions.

Le marché des obligations convertibles (OC) poursuit sa progression en 2016. En Europe, il atteint désormais 71 milliards d’euros en volume, contre 67 milliards au début de l’année, dans un marché global de 500 milliards d’euros. Depuis le début de l’année, 30 émissions ont été recensées en Europe dont 2 qui ont dépassé le milliard d’euros : Steinhoff et Airbus. Le mois dernier, Casino Rallye a émis pour 200 millions d’euros sur ce segment et Rémy Cointreau a levé, début septembre, 275 millions d’euros sous la forme d’Oceane (obligations convertibles en actions nouvelles ou existantes). Un intérêt pour les obligations convertibles qui concerne aussi bien les grandes capitalisations que les valeurs moyennes.

Ce dynamisme relatif du marché des obligations convertibles en Europe met en lumière les conditions attractives d’émission pour les entreprises qui peuvent placer leur papier à moindre coût. Les coupons à verser aux investisseurs atteignent des niveaux particulièrement bas.

Le choix de recourir à l’émission d’une obligation convertible permet aussi à la société émettrice, qui décide dans 90% des cas des conditions de la conversion éventuelle de l’obligation en action, de garder la main sur la structure de son capital et sa dette obligataire.

Du côté des investisseurs, chaque émission est largement sursouscrite, preuve de l’appétit des investisseurs institutionnels pour ce segment porteur. Ceux-ci apprécient la souplesse d’un placement qui permet de profiter du dynamisme du marché actions (en convertissant l’OC) tout en s’offrant une protection en cas de baisse grâce à la composante obligataire (qui peut être conservée jusqu’à l’échéance). Le caractère asymétrique des obligations convertibles permet d’obtenir en moyenne les 2/3 de la performance d’un indice action dans une période de hausse mais d’en subir seulement un tiers en cas de baisse. Un outil de protection particulièrement adapté dans des phases de marché troublées.

Au cours des 10 dernières années, la performance annualisée de l’Exane Convertibles Europe ressort à +3,6% à comparer avec une hausse de +1,1% pour l’Eurostoxx 50.

Priorité à la qualité du sous-jacent

Malgré le succès des émissions récentes, l’obligation convertible reste encore délaissée par de nombreux investisseurs qui appréhendent mal ce segment pourtant parfaitement adapté au contexte de marché actuel. Les marchés actions, qui ont déjà beaucoup progressé depuis 2012, sont marqués par le retour du risque politique (négociations sur le Brexit) et le resserrement monétaire en cours aux Etats-Unis. Le cycle de reprise économique semble marquer le pas aux Etats-Unis et l’Europe est engluée dans une croissance atone. Les marchés obligataires offrent de leur côté des rendements très faibles et les stratégies alternatives pour aller chercher du rendement deviennent incontournables.

En règle générale, les gérants d’obligations convertibles étudient en priorité la structure des obligations (rendement, duration etc.) puis déterminent selon leurs critères celles sur lesquelles ils investiront.

Notre approche est différente : nous nous déterminons d’abord en fonction de la qualité du sous-jacent.

Une obligation convertible peut répondre à toutes les caractéristiques demandées mais reposer sur un émetteur au profil peu attractif. Dans cette hypothèse, nous la retirerons. Nous sommes des « stocks pickers » au sein de ce compartiment de marché et nous tenons à cette approche singulière car elle a fait ses preuves.

Benjamin Philippe , Novembre 2016

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