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L’Evolution de la gestion collective française au 1er trimestre 2015

Au terme de ce 1er trimestre, les encours de gestion collective rejoignent un niveau qu’ils n’avaient plus atteint depuis mi-2011. En rassemblant 838,5 milliards d’euros, les actifs gérés en fonds de droit français réalisent une hausse de +9,7% par rapport à fin 2014, l’équivalent de près de 74 milliards d’euros supplémentaires. Tant l’effet des performances que la collecte auront participé à ce formidable début d’année.

En dévoilant son programme d’achat de dettes publiques et privées, la Banque Centrale Européenne aura considérablement œuvré à l’enfoncement de nouveaux planchers des taux souverains de la zone euro, ainsi qu’à la hausse quasi-ininterrompue des marchés boursiers. Quelques bonnes statistiques, dont les chiffres de croissance en zone euro – 0,3% au dernier trimestre 2014 et 0,9% sur l’ensemble de l’année – et les résultats d’entreprises meilleurs qu’attendus auront également participé à ce mouvement. Seules l’impasse des négociations entre la Grèce et l’Europe et les préoccupations liées au conflit entre l’Ukraine et la Russie auront ralenti l’enthousiasme des investisseurs en février. C’est aussi le cas de chiffres nord-américains plutôt contrastés en fin de trimestre. Sur le marché des changes, l’euro aura poursuivi sa baisse, notamment face au dollar, passant de 1,21 début janvier à 1,07 fin mars.

Le contexte aura donc été extrêmement favorable et propice à délivrer des performances positives. C’est le cas d’une très large majorité de fonds, en particulier ceux de la classe Actions dont les résultats s’échelonnent de +14% pour les fonds de valeurs nord-américaines et les fonds de catégorie Marchés Emergents, à +17% pour les fonds du compartiment Europe et +20% sur les valeurs Asie. La composante actions permet aux portefeuilles Diversifiés les plus risqués de progresser de +13% ; les fonds d’allocation Mixte réalisent une performance moyenne de +9,6% quand la gestion flexible s’apprécie de +8,1%. Dans le même temps, les fonds de Convertibles auront délivré +7,4% de rendement.

Sur la classe obligataire, les résultats les plus élevés auront été réalisés par les fonds investis sur la partie longue de la courbe (+4,6%), dépassant les résultats du Haut Rendement (+2,8%). L’effet devise aura permis aux fonds d’Obligations libellées en dollar de progresser de plus de +14%. Sur le segment monétaire, près de 20% des fonds de Trésorerie Court Terme auront délivré un rendement négatif sur le trimestre.

Toutes classes d’actifs confondues, les performances réalisées en ce début d’année procurent un gain d’encours extrêmement « relutif » de +53,8 milliards d’euros.

Dans le même temps, les investisseurs seront restés friands de toutes les gestions ayant trait aux marchés de taux et de crédit : les familles Obligations, Diversifiés, Convertibles et Performance Absolue sont en collecte. C’est aussi le cas des actifs de court terme (famille Trésorerie). En revanche, sur la classe Actions, le trimestre aura été surtout l’occasion d’arbitrer les gestions actives au profit des ETFs. Les fonds de droit français enregistrent un bon début d’année avec une collecte de +22 milliards d’euros.

Les chiffres de la gestion traditionnelle

Malgré des taux courts négatifs, la famille Trésorerie enregistre son plus fort démarrage depuis 3 ans, avec une progression d’encours de 16,4 milliards d’euros. Dans leurs choix d’allocation, les investisseurs ont très nettement recherché les fonds aux maturités les plus longues, allouant +12,6 milliards d’euros en catégorie Trésorerie. Dans le même temps, la catégorie Trésorerie Court Terme n’aura été pourvue que de +3 milliards d’euros de flux d’achats. En marge de ces résultats, les catégories Trésorerie PEA, Trésorerie Autres et Trésorerie Internationale sont en situation de décollecte.

Toutes catégories confondues, les fonds de Trésorerie enregistrent une collecte trimestrielle de +15 milliards d’euros. Le volume d’encours atteint 272 milliards d’euros, en progression de +6,4%.

Parmi les principaux vendeurs de gestion de la classe d’actifs, Amundi et ses filiales s’illustrent plus particulièrement : BFT Gestion, CPR Asset Management et leur maison mère cumulent un peu plus de +9 milliards d’euros de flux entrants.

BNP Paribas AM et Ofi Asset Management réalisent chacune des collectes supérieures à +2 milliards d’euros. Du côté des assureurs, Groupama AM et Axa IM ont attiré de l’ordre de +1,5 milliard d’euros pour le premier, et de l’ordre de +1,1 milliard d’euros pour le second. A l’inverse, la gamme monétaire de CM-CIC AM enregistre d’importants rachats.

Sur la classe Obligataire, la dynamique de collecte est plutôt vive. Certaines tendances acheteuses sont relancées en ce début d’année, en particulier celle du compartiment Haut Rendement qui recueille près de +1,2 milliard d’euros de flux d’achats. Sur le compartiment euro, pourvu de +2 milliards d’euros de souscriptions nettes, la collecte est particulièrement animée autour des gestions d’Obligations Toutes Maturités (+1 milliard d’euros) ; les catégories de Long Terme recueillent +407 millions d’euros et les fonds du segment Très Court Terme sont notamment recherchés en fin de trimestre (+389 millions d’euros). Seul le compartiment Obligations Internationales est en rachat. La dette Emergente enregistre le retour de quelques flux acheteurs (+121 millions d’euros).
Sur le trimestre, ce sont +3,5 milliards d’euros de souscriptions nettes qui auront alimenté la famille des fonds Obligations.

Plusieurs sociétés de gestion profitent de cette tendance acheteuse. La gamme du gestionnaire Lyxor aura été particulièrement recherchée, pour un peu plus de +1 milliard d’euros de souscriptions nettes. Les filiales de réseaux bancaires s’arrogent également des flux significatifs, dont près de +630 millions d’euros pour Amundi. Les gammes de Natixis AM, CPR AM et Groupe La Française auront été pourvues d’un peu plus de +300 millions d’euros chacune. Egalement dans le peloton de tête, Allianz Global Investors aura drainé +380 millions d’euros sur sa gamme.

Malgré l’incitation faite aux investisseurs de revoir à la hausse leur budget de risque, peu de souscriptions nouvelles ont été accordées aux fonds de la classe Actions. Si les mois de janvier et février ont permis de renouer avec des collectes positives, la fin de trimestre aura été l’occasion de renforcer les arbitrages actuellement à l’œuvre sur la classe d’actifs : les rachats de la gestion active (près de -4,1 milliards d’euros) au profit des ETFs induisent une décollecte trimestrielle de près de -600 millions d’euros de la famille Actions.

Géographiquement, seul le compartiment Asie affiche un score de collecte positif (+1,5 milliard d’euros) tiré par les allocations en ETFs. Le compartiment Europe (-395 millions d’euros) et les catégories Actions Internationales (-155 millions d’euros) et Actions Marchés Emergents (-467 millions d’euros) sont en situation de rachats. C’est également le cas des fonds Actions Amérique qui enregistrent une décollecte prononcée de -1,3 milliard d’euros. Dans les catégories Actions Thèmes et Secteurs, les fonds Matières Premières (+121 millions d’euros) et Santé (+61 millions d’euros) s’arrogent la majeure partie des flux d’achats sur le trimestre.

La gamme ETFs de Lyxor aura été particulièrement recherchée par les investisseurs : le gestionnaire affiche une collecte trimestrielle de l’ordre de +2,9 milliards d’euros, loin devant les résultats de ses concurrents. Autre spécialiste de la gestion indicielle et quantitative, THEAM réalise une collecte de près de +400 millions d’euros. Quelques gestions actives parviennent à s’illustrer : celle de CPR AM et de Comgest auront réuni de l’ordre de +265 millions d’euros et +215 millions d’euros, respectivement.

En ce début d’année, les fonds Obligations Convertibles renouent avec une collecte positive. Les flux d’achats de +641 millions d’euros enregistrés lors du trimestre se concentrent essentiellement sur les catégories Europe et euro. L’un des spécialistes de la classe d’actifs, Union Bancaire Gestion Institutionnelle (UBI), profite pleinement de ces allocations en drainant un peu plus de +290 millions d’euros sur sa gamme. Un autre spécialiste, Ellipsis AM, réalise également un bon score avec près de +185 millions d’euros collectés. Natixis AM s’illustre avec une collecte de plus de +235 millions d’euros.

Le segment des fonds Diversifiés est toujours animé par une solide demande des investisseurs pour les portefeuilles à dominante Taux (+820 millions d’euros de souscriptions nettes), au contraire des fonds à dominante Actions qui restent vendus (-436 millions d’euros de flux sortants). Mais le trimestre est surtout marqué par le retour significatif des flux d’achats sur les fonds d’allocation Mixte (près de +1,8 milliard d’euros collectés), en particulier ceux de l’enseigne Carmignac Gestion qui retrouvent les faveurs des investisseurs avec un score de collecte de l’ordre de +1,3 milliard d’euros. Très en vue également, la gamme Diversifiés de CPR AM aura recueilli de l’ordre de +655 millions d’euros de flux entrants.

Dans une tendance comparable à celle qui anime la gestion diversifiée, les fonds d’allocation flexible auront continué de percevoir des flux d’investissement significatifs de +1,3 milliard d’euros, lors du trimestre. Les autres catégories de fonds Performance Absolue sont également recherchées : celles d’Arbitrage, en particulier de Crédit et le Long/Short Actions, rassemblent +458 millions d’euros de flux entrants ; les fonds de Multi-Stratégies affichent une collecte de +373 millions d’euros.
Sur le segment, Amundi reste leader de la collecte avec +1 milliard d’euros de souscriptions nettes rassemblé par ses fonds. L’offre de Natixis AM séduit également les investisseurs, pour +310 millions d’euros. De manière plus globale, un très grand nombre de sociétés sont en collecte positive sur le segment.

Les fonds de catégorie Garantie Totale et actuellement en phase de commercialisation auront rassemblé une demande trimestrielle de +345 millions d’euros. Dans le même temps, les sorties des fonds fermés à la souscription auront rassemblé de l’ordre de -1,9 milliard d’euros. Les fonds assortis d’une Garantie Partielle auront pu compter sur une demande solide (+365 millions d’euros), à l’inverse des fonds de catégorie à Formule dont la collecte n’aura rassemblé « que » +13 millions d’euros.
Amundi et Natixis AM sont les seules enseignes dont la collecte est positive sur le segment : les gestionnaires récoltent, respectivement, +337 millions d’euros et +191 millions d’euros.

Sur le segment des fonds Matières Premières, c’est THEAM qui s’accapare la majorité des flux acheteurs : le gestionnaire concentre +169 millions d’euros de souscriptions nettes, pour une collecte trimestrielle de +183 millions d’euros pour la classe d’actifs.

Les fonds Immobilier restent alimentés par une solide demande de la part des investisseurs. Les flux d’achats ont d’ailleurs eu tendance à s’étoffer, la collecte réunissant +342 millions d’euros au cours du trimestre décalé décembre-fin février. Parmi les gestionnaires spécialistes de la classe d’actifs, Amundi Immobilier, Axa Real Estate IM et Ciloger se partagent la majeure partie des flux d’achats.

La gestion Passive

Sans conteste, ce début d’année aura vu les ETFs prendre le dessus sur la gestion active, réalisant des scores de collecte très étoffés. Sur la classe Actions, ce sont près de +3,6 milliards d’euros de flux d’achats qui auront alimenté les véhicules cotés sur indices boursiers, dont une part probablement significative en provenance des dégagements enregistrés par la gestion active (-4,1 milliards d’euros).

Sur la classe Obligataire, alors que l’offre d’ETFs est loin de rivaliser avec celle de la gestion traditionnelle, les résultats de collecte se partagent entre +1,8 milliard d’euros alloué à la gestion active et près de +1,7 milliard d’euros dévolu aux ETFs. Toutes classes d’actifs confondues, les ETFs réalisent un formidable début d’année, enregistrant un peu plus de +5,1 milliards d’euros de collecte. La contribution des performances est bien évidemment positive et c’est une progression d’encours de +23% qui est réalisée sur le trimestre. Les actifs gérés en ETFs de droit français rassemblent désormais 64,8 milliards d’euros. En incluant les fonds indiciels de type « gestion traditionnelle », l’encours de la gestion passive atteint 84,5 milliards d’euros.

Les gammes du gestionnaire Lyxor AM raflent la mise, avec une collecte de l’ordre de +3,8 milliards d’euros. Ses concurrents Amundi et THEAM enregistrent des résultats respectifs de +880 millions d’euros et de +699 millions d’euros.

La gestion Alternative

Alors que la tendance de ces derniers mois s’articulait autour d’une accalmie des rachats, la gestion Alternative aura enregistré un pic de flux sortants lors du trimestre décalé décembre-fin février. Ce sont -292 millions d’euros qui auront été rassemblés par la décollecte, soit 13% des encours de la classe d’actifs visés par les retraits. Toutefois, ces résultats restent très largement induits par la mise en liquidation d’un fonds de chez Lyxor AM. La plupart des autres entités de gestion sont en situation de rachats mais de manière beaucoup plus modérée.

Next Finance , Avril 2015

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