›  Opinion 

Journée internationale des femmes : Le changement radical dont nous avons besoin pour laisser s’exprimer le talent des femmes gérantes de fonds

Selon Mark Burgess, CIO EMOA et responsable marchés actions chez Columbia Threadneedle Investments, si certains progrès ont été accomplis dans le domaine des services financiers, la gestion de fonds reste un mauvais élève, avec seulement 7% de représentation féminine.

Nous célébrons la Journée internationale des femmes, dont le thème est cette année incarné par le slogan « Be bold for change » (Osez le changement). Si certains progrès ont été accomplis dans le domaine des services financiers, la gestion de fonds reste un mauvais élève, avec seulement 7% de représentation féminine. L’heure est venue d’adopter un changement radical afin de rétablir l’équilibre.

Ces dernières années, les services financiers ont modifié leur approche vis-à-vis de la diversité, mettant un terme à l’hégémonie masculine qui régnait dans les salles des marchés depuis des décennies.

Gérante du Threadneedle India Fund, Natasha Ebtehadj a rejoint Columbia Threadneedle Investment en 2008. Elle s’est ainsi retrouvée aux premières loges pour constater l’évolution des mentalités. « Dans la City, le cercle exclusivement masculin des anciens n’a plus cours. Les barrières sont tombées et, en tant que femmes, nous avons plus de possibilités d’évolution. L’époque où la gestion de fonds passait par de longs déjeuners arrosés le vendredi après-midi est révolue », décrit-elle.

Ce constat est unanimement partagé aujourd’hui : les entreprises ont besoin de diversité pour assurer un service efficace à leur clientèle et éviter l’écueil de la pensée de groupe. En ces temps où les investisseurs font face à des défis de plus en plus nombreux, notre industrie doit s’appuyer sur un vaste éventail d’expériences, d’idées et d’opinions.

Pourtant, malgré toute l’attention portée aux initiatives dans le domaine de la diversité, la gestion de fonds demeure une exception obstinée à l’équilibre hommes-femmes. Une étude menée par Citywire en mai 2016 a révélé que seuls 7% des fonds du monde entier sont gérés par des femmes, ce qui représente à peine 4% des actifs. [1]

Une approche différente

L’industrie passe à côté d’un riche vivier de talents et de ressources. Les preuves scientifiques (à la valeur certes limitée compte tenu du minuscule échantillon pris en compte) montrent que les caractéristiques du cerveau des femmes les doteraient d’atouts particulièrement efficaces pour la gestion de fonds.

Les femmes sont par exemple moins enclines aux prises de risques excessives, euphoriques et guidées par la testostérone lorsque les marchés sont en hausse, et moins susceptibles de tomber dans une aversion pour le risque dictée par le stress lorsque les choses tournent mal [2]. Gérante du Threadneedle Pan European Fund, Ann Steele a pu en faire l’expérience au cours de ses dizaines d’années passées dans la gestion de fonds. « Les femmes adoptent indéniablement une approche différente vis-à-vis du risque. Il y a très peu de chances de voir une femme miser tous ses avoirs en une seule opération. Je pense que les femmes dosent un cocktail de titres beaucoup plus équilibré dans leurs fonds et qu’elles prennent davantage de temps pour les faire grandir. Elles peuvent se positionner sur une perspective à plus long terme. »

Les études en neuroscience ont prouvé que les femmes obtiennent de meilleurs résultats dans la réflexion globale et situationnelle. On comprend aisément en quoi ces qualités peuvent être extrêmement précieuses pour un gérant de fonds, dont la mission consiste à traduire des tendances géopolitiques et macroéconomiques en investissements dans des titres individuels. De la même manière, une grande partie de cette fonction consiste à rencontrer des chefs d’entreprises et à échanger avec eux. Dans ce domaine, les qualités humaines et relationnelles, ou soft skills, propres aux femmes prennent toute leur dimension.

Lutter contre le manque de diversité

Les réseaux, le mentorat et le parrainage féminins vont tous jouer un rôle capital dans la construction d’un solide vivier de talents, et serviront d’appui aux jeunes femmes qui effectuent leurs premiers pas dans l’industrie aujourd’hui et dans les années à venir. Lancée en 2016 par le Trésor de Sa Majesté, The Women in Finance Charter (la charte des femmes dans la finance) rassemble de plus en plus de signataires. Columbia Threadneedle Investments est très fier d’être le premier gestionnaire d’actifs à avoir signée cette charte.

Nous sommes toutefois conscients que nous devons prendre des mesures encore plus drastiques pour remédier à ce déséquilibre. Chez Columbia Threadneedle Investments, 29% de nos professionnels de l’investissement dans la zone EMOA sont des femmes, dont quatre de nos 13 responsables d’équipe senior.

En 2015, nous avons été le premier gestionnaire d’actifs à divulguer ses données en matière de diversité des genres et à avoir établi des objectifs de représentation des femmes au sein de notre entreprise.

En plus de constituer des déclarations d’intentions fortes, ces objectifs fournissent un but tangible et chiffrable vers lequel tendre. Cependant, nous sommes convaincus que pour être efficaces à long terme, ils doivent nécessairement s’accompagner d’un changement de mentalités et de comportements. Nous prodiguons des formations en matière de biais inconscients afin d’essayer de faire évoluer les mentalités. Notre processus de recrutement encourage des sélections de candidats avec une bonne représentation féminine, ce qui contribuera à assurer que des femmes qualifiées arriveront jusqu’au stade de l’entretien.

Nous favorisons la flexibilité au travail afin de garantir un bon équilibre entre carrière professionnelle et vie de famille. De cette manière, nous jugulons le déclin de la présence féminine à partir des postes d’encadrement intermédiaire. Contrairement aux idées reçues, la gestion de fonds se prête davantage à la flexibilité professionnelle que de nombreuses autres disciplines du secteur financier, dans la mesure où elle nécessite moins d’interactions directes avec les collègues. Contrairement aux métiers dont le rythme est dicté par les transactions, par exemple, il n’exige pas de longues périodes à rester tard au bureau le soir. L’essentiel de l’activité consiste à étudier et sélectionner les titres. Or grâce aux technologies actuelles, ce travail peut être effectué depuis n’importe où. De même, cette profession étant guidée par la notion de performance, elle fonctionne explicitement sur le principe de la méritocratie : les meilleurs gérants peuvent être facilement identifiés et récompensés.

Il est essentiel de mettre en valeur ces avantages auprès des jeunes femmes qui envisagent de faire carrière dans la gestion de fonds. De même, il convient de formaliser le changement culturel grâce auquel ce domaine ne sera plus le pré carré d’un cercle exclusivement masculin d’« anciens ». Ces mesures contribueront à accompagner les changements radicaux nécessaires à la correction de ce déséquilibre et fourniront à l’industrie le talent dont elle a besoin pour prospérer à l’avenir.

Mark Burgess , Mars 2017

Notes

[1] Citywire Smart Alpha. Alpha Female. mai 2016

[2] The truth behind testosterone : why men risk it all. Wired. 27 janvier 2013.

Partager
Envoyer par courriel Email
Viadeo Viadeo

Focus

Opinion Les contrats à terme « Total Return » devraient poursuivre leur croissance compte tenu de l’engouement des investisseurs

En 2016, Eurex a lancé les contrats à terme « Total Return Futures (TRF) » en réponse à la demande croissante de produits dérivés listés en alternative aux Total return swaps. Depuis, ces TRF sont devenus des instruments utilisés par une grande variété d’acteurs à des fins (...)

© Next Finance 2006 - 2024 - Tous droits réservés