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Impact d’un Brexit sur le GBP

Le GBP ne semble pas pour l’heure réagir à la perspective du référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne. Mais il est probable qu’il finisse par réagir à court/moyen terme de manière négative tant les enjeux sont importants pour l’économie britannique. En particulier la volatilité du GBP devrait finir par repartir à la hausse en début d’année 2016...

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Le GBP ne semble pas pour l’heure réagir à la perspective du référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne. Mais il est probable qu’il finisse par réagir à court/moyen terme de manière négative tant les enjeux sont importants pour l’économie britannique. En particulier la volatilité du GBP devrait finir par repartir à la hausse en début d’année 2016 sachant que les sondages sont très serrés. Avant de discuter des effets sur la devise britannique d’un tel référendum, nous revenons d’abord sur le contexte, les propositions de réformes, les rendez-vous importants et surtout les impacts possibles sur l’économie britannique.

Avec la montée en puissance du parti indépendantiste, Cameron a décidé en Janvier 2013 d’organiser un référendum sur le Brexit pour maintenir l’unité dans le parti des Conservateurs. Dès le début de la création de l’Union Européenne, le Royaume Uni a émis des réticences. Il n’a pas pris part à la politique de la monnaie unique et à l’Espace Schengen. La crise des dettes souveraines ainsi que le problème des migrants ont ravivé le débat de l’adhésion du Royaume-Uni à l’Union Européenne. Le référendum sera soumis aux britanniques avant la fin 2017. Mais il est fort probable qu’il ait lieu durant le 3ème trimestre 2016 afin qu’il n’ait pas lieu en même temps que les élections françaises et allemandes en 2017.

Pour l’heure, D. Cameron a envoyé une lettre au Président du Conseil Européen pour lui faire part de ses propositions de réformes nécessitant de changer les traités fondateurs l’Union Européenne. Le Premier Ministre a indiqué qu’il ferait campagne en faveur de l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE, si ces propositions de réformes étaient prises en compte.

Les propositions de Cameron s’articulent autour de 4 thèmes principaux :
1. Gouvernance économique : D.Cameron souhaite la reconnaissance d’une Union Européenne « multi monnaies » mais également permettre un droit de regard aux « Euro-outs » sur ce qui se passe dans la zone euro et ainsi protéger leurs positions au sein de l’UE.
2. Compétitivité : il demande l’allégement des réglementations pour améliorer la compétitivité des pays membres de l’Union Européenne et il propose d’adopter une nouvelle stratégie commerciale incluant un libre échange total avec les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’ASEAN.
3. Souveraineté : D.Cameron voudrait retirer du traité de Rome l’engagement concernant « une union toujours plus étroite » afin de renforcer le rôle et l’importance des parlements nationaux en instaurant un droit de veto pour les nations qui sont en désaccord avec des propositions législatives..
4. Immigration : la priorité du 1er Ministre est de restreindre pendant 4 ans l’accès de certaines prestations sociales aux ressortissants qui s’installent au Royaume-Uni.

Suite à l’annonce de ces propositions, certains membres de la Commission européenne ont d’ores et déjà évoqué le caractère « problématique » de certaines réformes, ce qui promet des négociations difficiles en décembre lors du Conseil Européen.

Dates et rendez-vous importants :

Le coût d’un Brexit sur l’économie britannique est encore incertain. En revanche, il pourrait plonger les investisseurs étrangers et les entreprises britanniques dans une période d’incertitude prolongée et ainsi coûter très cher. La perte de confiance des investisseurs et des entreprises entraineraient une baisse significative de l’investissement. Au niveau du commerce, l’impact serait très important. L’Union Européenne est le plus grand partenaire économique et commercial du Royaume Uni. Il réalise 45 % de ses exportations et 53% de ses importations avec l’UE. Si les britanniques votaient « Oui » à un Brexit , ils seraient exclus de l’accord commercial de l’UE. Ainsi, l’OMC pourrait être susceptible d’imposer des tarifs douaniers aux britanniques. Cette mesure augmenterait significativement les coûts du commerce. Au niveau de l’emploi, la sortie du Royaume-Uni de l’UE rendrait le sol britannique moins attractif pour les migrants. Par conséquent, le marché du travail anglais serait privé d’une source importante d’offre de travail. L’abondance d’offre de travail apportée par les migrants a permis de réduire la croissance des salaires et l’inflation. Ce contexte a permis de contenir l’évolution des salaires ces dernières années, et par extension l’inflation.

Depuis le mois de septembre, la probabilité d’une sortie de l’Union Européenne a augmenté selon les derniers sondages sans que cela ait un impact significatif sur le GBP.

Quel que soit, le résultat du référendum, le GBP sera affecté. La mise en place d’un Brexit favorise un climat incertain pour les investisseurs (cf volatilité 1an). Même si la situation n’est pas totalement similaire, lors du référendum écossais le GBP avait chuté de 4% seulement deux semaines avant le référendum. Cette fois ci, il est fort probable que les effets se feront sentir bien avant sur l’économie et le GBP compte tenu des enjeux importants et de l’avenir du Royaume-Uni qui pourrait être disloqué si l’Ecosse souhaite demeurer au sein de l’Union Européenne.

Selon nous, le Brexit sera rejeté et le Royaume-Uni restera donc au sein de l’Union Européenne. Cependant, le GBP sera sous pression au cours du 1er semestre 2016 en particulier si les sondages restent très serrés. En effet, cela va entretenir les incertitudes et par extension des sorties de capitaux. Ainsi le GBPUSD pourrait corriger jusqu’à 1,46 au cours du 1er semestre 2016, ce qui suggère que les risk reversals 25D 1 an ont aussi du potentiel à la baisse à court terme. Il s’affiche à -1,69 contre -2,89 en mars 2015.

Le GBP ne se redressera qu’en fin d’année 2016 vers 1,52 après le référendum et ce d’autant plus que la BOE devrait débuter son cycle de hausse des taux directeurs compte tenu du rebond attendu de l’inflation (liée à la diminution des effets de base). Dans les prochains mois, nous anticipons la poursuite de la hausse de la volatilité implicite longue 1 an et 2 ans compte tenu de l’incertitude sur l’issue du referendum fin 2016, voire en 2017.

Si les anglais rejettent « largement » le brexit, le rebond du GBPUSD sera plus conséquent vers 1,55 dans la mesure où cela renforcera la position au Royaume-Uni au sein de l’Union Européenne et parmi les investisseurs. Si en revanche, les anglais disent « oui » au brexit, le GBPUSD corrigera davantage compte tenu des incertitudes sur les relations commerciales, économiques et politiques. Le GBPUSD peut revenir 1,40 dans un tel scénario en fin d’année 2016 après le référendum.

Nordine Naam , Victoire Rougnon , Novembre 2015

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