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Face au risque de remontée des taux longs

L’amélioration de l’économie mondiale n’est désormais plus un sujet de débat entre les spécialistes. Aux Etats-Unis, la croissance a franchi un nouveau pallier et dépasse en rythme annuel les 2,5%.

La réforme fiscale de M. Trump va favoriser la consommation et l’investissement. Une reconstitution des stocks, aujourd’hui à un bas niveau, est probable. En Europe, les chiffres du PIB pour 2017 témoignent du dynamisme actuel. C’est une croissance vertueuse qui s’est mise en place progressivement, aidée par la demande étrangère en forte hausse et par un regain de confiance des agents économiques. Nous pensons qu’en 2018, l’Europe va encore accélérer grâce à une reprise de l’investissement des entreprises qui doivent accroître leurs capacités de production pour répondre à la demande. Le reste du monde va dans le même sens, donnant à la reprise un aspect synchronisé assez rare.

Cette croissance favorise le retour de l’inflation, comme nous l’écrivons depuis plusieurs mois. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour des économies développées jusqu’à peu menacées de déflation. Aux Etats-Unis l’inflation faciale est encore en dessous du niveau objectif de la Federal Reserve (2%), mais une analyse plus fine des différentes composantes de la hausse des prix fait ressortir une réelle accélération qui finira par se répercuter sur les chiffres officiels. La banque Centrale américaine va, selon nous, remonter ses taux au moins trois fois en 2018.

En Europe, le cycle économique n’en n’est pas au même stade. Le chômage demeure encore important dans la plupart des pays et explique la faible majoration des salaires. La BCE ne semble pas préoccupée par l’inflation et n’envisage pas de remontée des taux courts avant au moins un an. Elle devrait néanmoins rapidement mettre fin à ses achats mensuels d’actifs. La croissance en accélération et une politique monétaire toujours très prudente justifient notre préférence pour l’Europe comme zone d’investissement.

Nous devrons cependant rester très vigilants sur la remontée des taux longs dans le monde, particulièrement aux Etats-Unis. Le niveau de 3% pour l’emprunt à 10 ans américain pourrait rapidement être approché. Une stabilisation autour de ce niveau ne poserait pas de problème et serait même assez logique compte tenu de la vigueur de l’économie.

En revanche, si ce seuil était dépassé, l’inquiétude des investisseurs devrait grandir et provoquer des prises de bénéfices sur les actions américaines, impactant par effet de contagion le reste du monde.

L’autre variable à surveiller à court terme est le comportement du dollar. Malgré la vigueur de la croissance américaine, le dollar a baissé en 2017 contre toutes les grandes devises dans le monde, notamment l’euro et le yen. Il s’agit probablement d’une volonté politique américaine pour apporter un surcroit de compétitivité à l’exportation. Une guerre des changes, surtout si elle était accompagnée de mesures protectionnistes, serait néfaste pour le commerce mondial et pour la croissance. Notre scénario central reste à ce jour celui d’une stabilisation de la parité euro/dollar autour du niveau actuel.

Les investisseurs pourraient commencer à s’inquiéter des inflexions de politiques monétaires dans le monde, de la hausse des taux longs et des variations de change. La toile de fond de l’économie mondiale reste favorable pour l’investissement en actions, surtout en Europe et au Japon. Mais un surcroit de volatilité lié à ces évolutions est assez probable dans les prochains mois. Nous évitons par conséquent les placements obligataires et nous privilégions, au sein des marchés actions, les valeurs cycliques et financières.

Emmanuel Auboyneau , Xavier d’Ornellas , Février 2018

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