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Des devises émergentes chahutées cet été

Les devises émergentes étaient sous pression cet été. A l’exception de l’IDR, le THB, le MYR et le CNY, toutes les devises émergentes ont corrigé contre USD depuis le 30 juin dernier. Ce sont surtout les devises CEEMEA et dans une moindre mesure les devises Latam qui ont sous-performé...

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Les devises émergentes étaient sous pression cet été. A l’exception de l’IDR, le THB, le MYR et le CNY, toutes les devises émergentes ont corrigé contre USD depuis le 30 juin dernier. Ce sont surtout les devises CEEMEA et dans une moindre mesure les devises Latam qui ont sous-performé sous l’effet de plusieurs facteurs dont le rebond du dollar face aux velléités de la Fed de durcir sa politique monétaire, le regain de tensions géopolitiques en Ukraine et en Israël, les craintes relatives au défaut sélectif de l’Argentine, la baisse continue du cours des matières premières et enfin la dégradation des perspectives de croissance mondiale.

Logiquement, le RUB enregistre la plus forte correction face à l’escalade de la situation dans l’Est de l’Ukraine avec le renforcement des sanctions occidentales contre la Russie. Mais les autres pays de l’Est (PLN, HUF, RON) pâtissent aussi de cette situation du fait de leurs liens commerciaux avec la Russie et des mesures de rétorsion (embargo russe sur les produits agricoles, …).

On peut penser que la croissance économique des pays CEEMEA pourrait continuer à pâtir de l’atonie de la croissance européenne et de la situation avec la Russie, ce qui risque de pénaliser légèrement encore certaines devises CEEMEA sur fond de baisse continue du RUB lié à sa surévaluation.

De plus, les économies des pays CEEMEA font face à des pressions déflationnistes, ce qui a poussé la Hongrie à baisser ses taux directeurs significativement et à la Pologne à s’interroger sur la poursuite de l’assouplissement monétaire face aux craintes sur la vigueur de la croissance. La TRY est pénalisée par sa proximité avec l’Irak, et par les baisses de taux directeurs alors que l’inflation ne montre pas de signaux de baisse (9,38% yy en juillet) comme anticipée par la banque centrale. Cela fragilise la TRY même l’amélioration de la croissance domestique et la réduction du déficit courant ont quelque peu rassuré le marché. Mais la TRY restera sous pression à court terme du fait des incertitudes politiques sur le nouveau gouvernement après la victoire d’Erdogan aux élections présidentielles. L’USDTRY pourrait ainsi revenir vers 2,25 à court terme. Le ZAR a fait preuve d’une meilleure résistance après que la SARB ait décidé de poursuivre la hausse des taux directeurs en juillet et du fait de la moindre proximité avec la Russie.

Du côté des devises Latam, c’est le CLP qui enregistre la plus forte correction en ligne avec notre trade ideas du 3 juillet jouant un retour vers 577 (+4,7%) suite à la baisse des taux directeurs de la banque centrale du fait de la faiblesse de la croissance chilienne.

A court terme, le CLP a encore du potentiel à la baisse avec un USDCLP qui pourrait tester 592.

Le BRL s’est aussi déprécié suite à la pause de la banque centrale dans son cycle de hausse des taux directeurs et à la déception vis-à-vis de la croissance qui a encore été revue significativement à la baisse en l’absence de réformes structurelles et à l’approche des élections présidentielles qui pourraient être plus serrées que prévu. La banque centrale a limité la baisse du BRL en augmentant ses interventions sur le marché mais la tendance du BRL reste négative à moyen terme en dépit de taux courts très attractifs. Le MXN est pénalisé aussi par une croissance bien plus faible que prévu qui a poussé la banque centrale à assouplir sa politique monétaire. Sur le court terme, le rebond attendu du dollar en fin d’année devrait aussi se traduire par un USDMXN plus élevé vers 13,30.

Enfin, les devises asiatiques restent solides malgré un dollar et un CNY plus fort. En dehors du THB qui a rebondi suite aux tensions politiques du pays, l’IDR semble se redresser dans le sillage des élections qui ont donné la victoire à l’opposition plus pro business. La MYR est soutenue par une croissance plus forte que prévu alors que l’INR reste dans l’attente de mesures structurelles malgré la nette amélioration du déficit courant en 2014. Enfin, le KRW a été légèrement pénalisé par la baisse des taux directeurs de la banque centrale sud-coréenne faisant suite au ralentissement de la croissance et de l’inflation.

Nordine Naam , Août 2014

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