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De grandes espérances de performance mais une vision trop orientée sur le court-terme, surtout parmi la génération Y

Dans le cadre de la cinquième édition de son étude annuelle des investisseurs Schroders Global Investor Study 2016, le groupe Schroders a interrogé 20 000 investisseurs particuliers répartis dans 28 pays, dont 1 000 en France...

Plutôt que de se pencher uniquement sur une typologie d’investisseurs très fortunés, Schroders s’est intéressé pour cette étude aux particuliers ayant l’intention d’investir au moins 10 000 euros (ou l’équivalent dans une autre devise) au cours des 12 prochains mois ainsi que tous ceux qui ont procédés à des arbitrages de portefeuille sur les 5 dernières années [1].

Des attentes irréalistes et une vision court-termiste de l’investissement

L’étude met surtout en lumière le fait que, au niveau mondial, les attentes des investisseurs en matière de revenus et de rendement à long-terme semblent être très excessives : globalement, les investisseurs espèrent obtenir un rendement de 9,1 % en moyenne, mais à l’heure où les taux d’intérêt se situent à des niveaux historiquement bas dans de nombreux pays, beaucoup de sondés risquent d’être déçus. L’enquête souligne également que les investisseurs tendent vers des horizons de placement trop orientés sur le court-terme : en moyenne, ils envisagent de garder leurs investissements pour un peu plus de trois ans (3,2).

Si cette durée de détention pourrait très bien convenir pour des placements liquides comme le monétaire ou même certains produits obligataires, elle risque d’être trop courte pour compenser la volatilité associée aux actions. Moins d’un cinquième (18 %) des répondants déclarent garder leurs investissements pendant au moins 5 ans, ce qui constitue la durée de détention minimum recommandée pour les actions, et environ un tiers (31 %) investissent pendant moins d’un an.

Malgré ce manque de réalisme, les résultats de l’étude montrent que la quête pour le rendement reste prédominante dans l’esprit des investisseurs, et ceci est reflété par les trois principales raisons d’investir mises en avant par les sondés : compléter sa retraite, réinvestir ses revenus et faire fructifier son portefeuille, et s’assurer un complément de salaire.

Comportements parfois contradictoires en France et en Europe

En Europe de l’Ouest, la France figure en trio de tête des pays où les investisseurs sont particulièrement optimistes en matière de génération de rendement. En effet, les épargnants français espèrent obtenir en moyenne près de 8 % par an (7,9 %), et seuls les investisseurs ibériques visent mieux (l’Espagne avec 8,5 % et le Portugal 8,3 %).

L’optimisme, voire le manque de lucidité, en termes d’objectifs d’investissement n’épargne donc pas l’Hexagone, puisque 36 % des investisseurs français comptent même atteindre une performance à deux chiffres, encore talonnant de près l’Espagne (42 %) et le Portugal (41 %).

Par voie de comparaison avec les pays du Sud de l’Europe, les investisseurs belges, suisses et allemands affichent davantage de prudence : ils se contenteraient en moyenne d’un rendement annuel de 7 % ou moins.

Pour autant, l’étude indique que les Français font preuve de bonnes pratiques quand il s’agit d’investir en actions, car leur durée de détention moyenne des actifs (4,1 ans) est très proche de la période recommandée, tandis que, ailleurs en Europe, d’autres n’ont pas adopté les mêmes horizons d’investissement. En Italie, par exemple, les épargnants gardent leurs titres pendant 2,6 ans en moyenne et même les investisseurs allemands, pourtant réputés pour leurs habitudes d’épargne judicieuses, ne raisonnent que sur un horizon de 3,2 ans.

Autre constat intéressant, les pays qui ont réformé leurs systèmes de retraite le plus en profondeur, à savoir les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni - étaient ceux où les investisseurs avaient plus tendance à voir le rendement comme un facteur prioritaire dans la préparation à la retraite, à plus de 50 %. La France, où près de la moitié des sondés (49 %) considère cela comme important, n’est pas en reste.

Des tendances exacerbées parmi les épargnants de la génération «  Y »

L’enquête mondiale de Schroders fait aussi ressortir que les attentes des investisseurs de la génération « Y » - de 18 à 35 ans, aussi connu comme les « millenials » - sont encore plus éloignées de la réalité, d’autant plus dans le contexte actuel, car globalement ils visent un rendement minimum de 10,2 % par an, comparé à 8,4 % pour les investisseurs âgés de 36 ou plus [2].

Qui plus est, ce profil d’investisseur a une durée de détention moyenne plus courte que la génération précédente (2,3 pour les millenials contre 3,9 pour les investisseurs âgés de 36 ou plus), montrant que la vision trop court-termiste observée au niveau global est encore plus prononcée chez eux. De manière générale, les «  millenials » préfèrent investir afin de répondre à certains besoins financiers immédiats, plutôt que de se fixer des objectifs à long-terme.

Par rapport aux investisseurs plus âgés, ils ont davantage tendance à investir pour s’assurer un complément de salaire (46 % vs. 41% pour les investisseurs âgés de 36 ou plus), offrir un revenu à leurs enfants ou à d’autres membres de leur famille (30 % vs. 19 %), acheter un bien autre qu’une maison (28 % vs 16 %) et payer les études de leurs enfants (26 % vs. 16 %). En revanche, ils avaient moins tendance à investir pour compléter leur retraite (35 % des « millenials » vs 52 % des investisseurs âgés de 36 ou plus) ou réinvestir leurs revenus et faire fructifier leur portefeuille par rapport aux générations précédentes.

Karine Szenberg, Directeur Général de Schroders France, commente : « Pour atteindre ses objectifs financiers, il est primordial d’adopter une approche d’investissement axée sur le long-terme, d’autant plus lorsque le rendement espéré est élevé et que le contexte de marché se caractérise par des rendements obligataires au plus bas. L’optique court-termiste des investisseurs et les attentes en termes de rendement trop élevées suscitent des inquiétudes, et font craindre que certains n’atteignent pas leurs objectifs. Nous encourageons donc les épargnants à réfléchir sur le long-terme quand ils investissent, comme le font nos gérants de portefeuilles, et nous estimons qu’un rendement réaliste ajusté du risque peut être généré si l’on investit pendant une période minimum de cinq ans. Échanger avec un conseiller financier permet aux investisseurs d’aligner leurs placements avec leurs vrais besoins et objectifs financiers, en fonction de leurs projets. »

Next Finance , Juin 2016

Notes

[1] Méthodologie : Schroders a mandaté Research Plus Ltd pour réaliser cette enquête indépendante en ligne entre le 30 mars et le 25 avril 2016. Parmi les 28 pays concernés figurent l’Australie, le Brésil, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Inde, l’Italie, le Japon, les Pays-Bas, l’Espagne, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. 8600 investisseurs européens ont été sollicités.

[2] Ce constat vient confirmer le principal enseignement de l’édition 2015 de l’étude de Schroders, dans laquelle les investisseurs interrogé espéraient obtenir une performance annuelle de 12%.

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