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Crise de la dette argentine : Le marché anticipe un peu trop

Selon James Barrineau, co-responsable de l’équipe Emerging Markets Debt Relative Return de Schroders, le marché anticipe un peu trop, comme il l’a déjà fait en supposant que la Cour Suprême américaine ne désavouerait pas le gouvernement argentin, notamment en raison de l’ampleur des implications pour les restructurations de dettes souveraines à l’avenir…

Le dénouement final de la crise de la dette argentine, une affaire qui a duré plus d’une décennie, semble être en vue. La Cour Suprême des Etats-Unis ayant rejeté l’examen de l’appel de l’Argentine, le seul moyen pour éviter un défaut de l’état argentin réside maintenant dans une négociation avec ses créanciers. Suite au non-respect d’une obligation de paiement qui est arrivée à échéance le 30 juin, le temps presse pour le pays et le délai de 30 jours accordé pour l’exécution du paiement représente la dernière occasion pour le gouvernement de régler la situation de manière définitive.

Le marché se veut plutôt confiant quant à l’aboutissement d’une négociation, malgré une loi argentine selon laquelle il n’est pas autorisé de proposer aux créanciers récalcitrants une meilleure offre qu’à ceux qui ont accepté l’accord initial de restructuration.

Quelques recours semblent toujours s’offrir au gouvernement, d’autant que la plupart des députés de l’opposition sont en faveur d’un accord afin de permettre au pays de regagner un accès aux marchés internationaux.

Nous estimons que le marché anticipe un peu trop, comme il l’a déjà fait en supposant que la Cour Suprême américaine ne désavouerait pas le gouvernement, notamment en raison de l’ampleur des implications pour les restructurations de dettes souveraines à l’avenir. L’administration Kirchner ne montre pas les signes d’une stratégie de négociation cohérente, tout en sachant que le risque d’un tel scénario était déjà assez élevé et qu’elle avait des mois pour le préparer.

Les créanciers, qui savent que le gouvernement attache une grande importance à un retour de l’accès aux marchés, ont tout intérêt à laisser le temps s’écouler afin de renforcer la pression sur le gouvernement. Pour cette raison, nous considérons donc comme élevé la possibilité de nouveaux rebondissements.

En effet, même si un accord est conclu, celui-ci s’appuiera très probablement sur l’émission de nouvelles obligations. Les investisseurs semblent peu, voire pas du tout, s’intéresser à l’impact de telles émissions sur les ratios de crédit, sans mentionner celles émises par les provinces et autres émetteurs argentins qui se précipiteraient pour bénéficier du nouvel accès au marché.

Affichant un taux d’inflation supérieur à 20%, l’Argentine connaît actuellement une période de récession. Un grave déficit énergétique, associé aux efforts pour dynamiser la croissance, condamnent l’Argentine à des doubles déficits fiscaux et commerciaux pour un certain temps.

Alors que les réserves internationales sont revenues des plus bas de 27 à 29 milliards de dollars, la grande majorité des observateurs craignent que les niveaux de réserves disponibles ne diminuent suite à de futures échéances de dette et la fin de recettes cycliques résultant de la récolte de soja au cours du deuxième semestre. Ces facteurs pris en considération, toute euphorie liée à un accord avec les créanciers dans les semaines à venir serait un phénomène de courte durée, déjà reflété dans les prix.

James Barrineau , Juillet 2014

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