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Comment relancer la croissance mondiale ?

QS Investors, Martin Currie, Permal, ClearBridge Investments, Brandywine Global, Western Asset, toutes filiales de Legg Mason, discutent des mesures à mettre en place et susceptible de relancer la croissance…

Comment expliquer le ralentissement de la croissance ?

Martin Currie

La politique monétaire continue de perturber le fonctionnement normal des marchés. Dans ce domaine, par définition, la politique prime sur la logique lors des prises de décision. Plusieurs classes d’actifs bénéficient d’un statut de quasi-obligation, tandis que les autres prient pour une hausse des taux qui permettrait de renforcer leurs fondamentaux.

Permal

Nous ne sommes pas face à un « problème mondial » mais à plusieurs problèmes, exacerbés par une divergence économique croissante et par le ralentissement en Chine. L’Europe requiert plus qu’un simple Quantitative Easing ; elle nécessite des réformes budgétaires et structurelles d’envergure au sein des grands pays récalcitrants, notamment la France et l’Italie. Bien que les progrès soient confirmés en Espagne, le populisme progresse, ce qui nous inquiète.

Pas de remède miracle

ClearBridge Investments

Les marchés aimeraient voir des actions concertées, menées simultanément par les différents gouvernements et banques centrales, mais l’on ne peut pas simplement « redémarrer » la croissance mondiale. Le changement prendra plusieurs années. L’économie la plus réactive du monde – les Etats-Unis - a mis six ans pour arriver à la situation actuelle, marquée par un marché de l’emploi et une croissance économique durables.

Martin Currie

Les crises de la dette sont différentes des cycles économiques normaux. Le désendettement peut freiner la croissance durant plusieurs années, voire plusieurs décennies, à moins que des mesures extrêmement dures ne soient prises. Et bien évidemment, les dirigeants politiques sont peu enclins à prendre cette direction.

L’énergie bon marché : un coup de pouce opportun

Brandywine Global

La chute des coûts de l’énergie est l’évènement isolé le plus porteur pour la croissance mondiale ; elle équivaut à une immense réduction d’impôts coordonnée. Cette baisse des prix réduit les inquiétudes autour de l’inflation pour les banques centrales des pays comme l’Inde, l’Afrique du Sud et l’Indonésie, ce qui leur permet de mettre un terme aux interventions sur les taux d’intérêt, à la hausse comme à la baisse. Entre l’apaisement des craintes sur l’inflation, la simplification de la politique monétaire, et l’impact direct des économies faites par les consommateurs, le pétrole moins cher aura clairement des effets positifs sur la croissance.

ClearBridge Investments

La baisse des prix des matières premières a certes pesé sur les pays producteurs, mais la baisse des coûts du pétrole, de l’acier, du cuivre, du ciment et d’autres matériaux devrait stimuler les pays consommateurs. C’est particulièrement le cas pour les économies en développement et émergentes, comme l’Inde, qui sont de larges importateurs de matières premières dans le cadre du développement de leur infrastructure et de leur industrie.

Etats-Unis : en bonne voie

Royce

L’économie américaine continue de montrer des signes de solidité : la croissance soutenue du PIB, l’amélioration des chiffres de l’emploi et la hausse du taux de participation au marché du travail sont encourageants. Les marchés de capitaux américains se normalisent avec la fin du QE, la hausse des taux d’intérêt sur la dette privée et les inévitables remontées de taux par la Réserve Fédérale américaine au cours de l’année.

Réformes structurelles et assouplissement réglementaire

Western Asset

La croissance des entreprises aux Etats-Unis requiert un assouplissement des contraintes réglementaires qui pèsent sur elles. Les entreprises américaines sont liquides et dans l’ensemble en très bonne santé financière. Pourtant elles hésitent à accroître leurs dépenses de manière significative. Certes, la baisse de la production est un facteur, mais de nombreuses sociétés se retiennent d’investir car elles craignent une hausse des frais médicaux liée au régime d’assurance santé, un renforcement des obligations en matière de protection des consommateurs et des frais accrus dans d’autres domaines réglementaires. En raison d’une réglementation plus forte et de la mise en œuvre plus stricte des contraintes de capital, la plupart des banques ont vu leur rôle changer de prêteurs / preneurs de risques à celui de « prestataires de services financiers » sclérosés.

ClearBridge Investments

De nombreuses économies ont débuté leurs efforts de désendettement et de réforme tardivement. Bien que les politiques budgétaires puissent être utiles, une réforme structurelle sérieuse au sein des économies individuelles est nécessaire pour soutenir une croissance durable : des réformes dans le domaine de l’emploi, du travail et de la réglementation, qui permettraient d’exploiter le capital à des fins plus productives. L’Espagne, et dans une moindre mesure le Japon, ont pu constater des premiers résultats suite à des calendriers de réformes structurelles agressives.

Permal

Le Japon a mis toutes ses cartes sur la table, monétaires comme budgétaires, mais cela ne suffit pas. Pour relancer l’économie, le Japon doit faire des réformes structurelles. L’économie américaine a mis en place de bonnes bases pour la croissance mais quelques ajustements sont encore requis. Une plus grande attention devrait être accordée à la formation des ménages dans la tranche d’âge 22-35 ans et à une réforme de la fiscalité en faveur de la croissance.

Encourager les consommateurs à dépenser

QS Investors

Les actions menées aux Etats-Unis devraient servir d’ébauche pour le reste du monde : recapitaliser les intermédiaires financiers pour faciliter les flux de capitaux, et gonfler les portefeuilles des consommateurs pour qu’ils dépensent. Ces mesures ont été adoptées en Europe et au Japon à différents degrés, avec plus ou moins de succès. La Chine a choisi un parcours un peu différent, se basant sur les investissements en infrastructure pour redémarrer l’économie ; et le pays sera peut-être contraint de revoir sa stratégie. Chaque économie va devoir travailler davantage pour stimuler la demande des consommateurs. Le Japon et l’Europe affaiblissent leurs devises pour « emprunter » de la demande des Etats-Unis, mais in fine, ces pays vont devoir relancer leurs moteurs de demande interne.

Martin Currie

La croissance en Chine semble ralentir considérablement, ce qui retire un facteur de soutien à de nombreux acteurs économiques. Cependant, le ralentissement des dépenses liées à l’infrastructure pourrait laisser de la place aux consommateurs « normaux ». Bien que les niveaux de dette aient progressé de manière considérable au niveau national, de larges pans de la population restent de fervents épargnants.

Investir dans l’infrastructure

Western Asset

La prise de risques et l’entrepreneuriat ont été freinés par la hausse de la progressivité dans les taux d’imposition individuels (tant au niveau fédéral qu’à celui des états) ainsi que par le traitement répressif des bénéfices off-shore réalisés par les entreprises. Les perspectives liées à la prise de risques diminuent lorsque le régime fiscal « empoche » un pourcentage croissant des entreprises gagnantes, tout en limitant la déductibilité des projets moins porteurs. Lorsque la politique fiscale n’incite que les projets les plus fructueux et les moins risqués, la croissance économique en souffre. Une réforme profonde de la fiscalité est donc nécessaire pour inverser cette tendance.

Brandywine Global

La Chine et l’Inde, les pays les plus peuplés au monde, offrent le potentiel de progression du niveau de vie le plus élevé. L’endettement en Chine est déjà important, avec plus de 600 millions de personnes vivant toujours à des niveaux de subsistance dans les zones rurales. La situation macro de l’Inde a été catastrophique durant plusieurs décennies, mais elle dispose aujourd’hui de son meilleur leadership depuis 30 ans. Les deux pays sont positionnés pour stimuler la demande interne à travers une association de dépenses d’infrastructure, d’allocation de capitaux en fonction du marché et d’une politique monétaire visant à combattre la déflation.

Lever les obstacles au commerce

Western Asset

Les accords internationaux permettant de dérèglementer le commerce et de standardiser les droits de la propriété des actifs physiques et intellectuels sont essentiels. Le commerce extérieur est un moteur d’accélération de la croissance pour tous les pays, or les tendances naturelles vers le protectionnisme sont tout aussi courantes aujourd’hui que par le passé. Les accords multilatéraux sur le commerce des marchandises progressent à un rythme raisonnable, mais les économies reposant sur les services – comme les Etats-Unis - requièrent de plus en plus de standardisation et de reconnaissance dans le domaine des droits internationaux de propriété intellectuelle pour profiter pleinement de leur potentiel de croissance.

Promouvoir la liquidité

QS Investors

Les gouvernements vont devoir résister à la tentation de vouloir resserrer leur politique budgétaire trop tôt. S’inquiéter du désendettement des bilans souverains est une fausse piste. Avec suffisamment de croissance économique, le poids de la dette devrait se réduire progressivement. La plupart des économies développées se sont endettées de manière considérable afin de permettre à leurs secteurs privés et aux consommateurs de se désendetter.

Royce

Bien qu’aucune solution miracle ne puisse ranimer la croissance mondiale, les pays développés qui ont engagé des politiques budgétaires similaires à celles des Etats-Unis devraient suivre leurs pas – et donc redémarrer.

Permal

Certains pays émergents sont bien placés, comme l’Indonésie, l’Inde et les Philippines. D’autres, comme le Brésil, doivent combattre l’inflation avec fermeté pour retrouver des niveaux de croissance sains.

En bref

Chaque grand thème macroéconomique a ses gagnants et ses perdants au sein des entreprises. Certaines seront soutenues par des forces qui échappent à leur contrôle et qui pèseront sur leur réussite ; d’autres resteront maîtres de leurs destinées grâce à des fondamentaux solides et à des produits innovants. Dans l’univers obligataire, la sensibilité aux taux d’intérêt et la qualité de crédit des émissions individuelles sont des considérations majeures au regard de l’influence potentielle des changements de politique budgétaire et monétaire sur les valorisations futures des actifs.

Next Finance , Mars 2015

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