Aviva transfère le risque d’allongement de la durée de vie de ses retraités via un swap de longévité

Cette transaction couvre les pensions en cours de quelque 19 000 retraités affiliés au régime de retraite d’Aviva. De quoi permettre à ce géant du marché de l’assurance de profiter du dynamisme actuel du marché des transferts lié au risque d’allongement de la durée de vie.

En Europe, l’espérance de vie à la naissance s’est nettement améliorée ces dernières années

C’est un risque loin d’être négligeable au vu des dernières statistiques publiées en 2013 sur la santé des Européens par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En effet, le dernier rapport publié par l’OMS souligne qu’en Europe, l’espérance de vie à la naissance s’est nettement améliorée : elle a ainsi augmenté de 5 ans depuis 1980, atteignant 76 ans en 2010, date de la dernière année à laquelle les données sont disponibles sur ce sujet. Cette hausse est notamment explicable par la régression de certaines maladies, l’amélioration des conditions de vie et la lutte contre certains facteurs de risques. Pourtant, l’OMS note dans son étude que la crise économique actuelle pourrait entacher ces progrès : « un scénario possible et qui menace les progrès constants en matière d’espérance de vie en Europe consisterait à ce que des crises économique ou sociales soient couplées à des réductions des dépenses de santé ».

Graphique : Espérance de vie en Europe (source OMS)

Le marché des transferts du risque de longévité devient de plus en plus mature

Face à cette tendance de progression de l’espérance de vie en Europe, le marché des transferts du risque de longévité devient de plus en plus animé, attirant sur ce segment, de plus en plus d’acteurs du monde de la réassurance mais aussi de la finance qui donnent aux assureurs la possibilité de se couvrir contre ce type de risques en les cédant à une ou plusieurs contreparties.

D’ailleurs, les opérations de ce type se sont multipliées ces dernières années en Europe, les régimes de retraite britanniques ayant été précurseurs en la matière.

Ainsi, l’an dernier, l’assureur néerlandais Aegon a couvert 1,4 milliard d’euros d’engagements à travers un contrat de swap conclu auprès de plusieurs contreparties, dont le réassureur français Scor à travers sa filiale Scor Global Life. En janvier 2012, Aegon avait déjà mis en place un premier swap de longévité avec la Deutsche Bank, pour un montant portant sur 12 milliards d’euros. La banque allemande s’était alors tournée vers les marchés financiers pour titriser les risques ainsi transférés par Aegon. C’est d’ailleurs avec ce même établissement bancaire allemand que Scor a réalisé sa première transaction portant sur la réassurance du risque de longévité, en fin d’année 2011.

Scor Global Life prend part au swap de longévité

Aujourd’hui, le groupe français de réassurance entend « contribuer au développement du marché de la longévité aux Pays-Bas et dans d’autres pays cibles d’Europe continentale », selon les propos du directeur général de Scor Global Life, Gilles Meyer. D’ailleurs, pour preuve, Scor Global Life vient de prendre part au swap de longévité.

Il s’agit d’une transaction couvrant les pensions en cours de quelque 19 000 retraités affiliés au régime de retraite d’Aviva, ce qui correspond à un engagement associé de près de 5 milliards de livres sterling.

Le groupe Scor prend en charge une part importante de ce risque aux cotés de deux mastodontes du monde de la réassurance, Swiss Ré et Munich Ré. La transaction a pris effet au 1er janvier 2014. Il s’agit d’une opération de nature à dynamiser le marché du risque de longévité dont les capacités sont loin d’être négligeable puisque les experts l’évaluent entre 15 000 et 25 000 milliards de dollars au niveau mondial.